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Pour faire connaître le rebetiko , une musique grecque passionnée et passionnante , trop peu connue en France et qu'il ne faut surtout pas confondre avec le Sirtaki créé par Theodorakis pour le film "Zorba le grec"

30 mai 2011

Le Rébétiko

Chanson de rebelle devenue enjeu identitaire national pour les grecs le rebetiko est la synthèse des plus abouties de ce qui a fait la musique grecque depuis des siècles. "Dionysos chanté par Apollon"
Son acte de naissance est encore parfois l'objet d'affrontement entre ceux qui le situent au Pirée et dans les grands centres urbains de Grèce ,voire dans les prisons(mourmourika)et ceux qui le veulent plus "oriental"et plus "cultivé" né dans les villes grecques d'Asie Mineure comme Constantinople et Smyrne.
L 'histoire des rebetika s'inscrit dans l'histoire de la chanson grecque lorsque celle ci quitte les iles ou la campagne à la fin du XIX pour la citée industrialisée .Comme le fado ou le jazz ,le raï, le rebetiko est un chant de déracines une fleur sauvage dans l'asphalte des villes qui s'épanouit dans les couches populaires et marginales les plus défavorisées où misère, chômage, travail intermittent ,vagabondage (le terme rébète s'y réfère peut-être )drogue alcool, larcin cambriolage ou pire encore meurtre, sont le lot quotidien. Le monde des rébètes est un monde clos celui des bas quartiers des tékés, de la taverne, voire de la prison.

Au Pirée les rébètes fréquentent" le Milieu", vivent dans le monde clos de ceux qui se reconnaissent entre eux par leur habillement et leurs mœurs. Les premiers Rebetiko sont anonymes et se jouent surtout dans le milieu carceral à la fin du XIX s.

Pendant ce temps en Asie Mineure à Smyrne et Constantinople d'autres musiciens plus cultivés et raffinés pratiquent une musique plus savante, écoutent l'opéra italien, fréquentent des milieux multi -ethniques. Piraiotiko et Smyrneïko n'auraient jamais du se rencontrer mais l'histoire en avait décidé autrement. la « Catastrophe » d'Asie Mineure qui fut un grand malheur pour la Grèce ,fut une bénédiction pour le rebetiko! Epiphénomène de la création d'un prolétariat urbain entre la fin du XIX siècle et les années 1950 le rébetiko en plus des apports multi ethno-culturels dus au brassage des populations s'est en fait enrichi de l'arrivée des réfugiés d'Asie Mineure après la "Catastrophe "de 1922. Bien que son histoire se confonde avec la période la plus tragique qu'ait vécu la Grèce, des guerres balkaniques jusqu'à la dictature des colonels en passant par l'expulsion des grecs d'Asie Mineure ,la dictature de Métaxas, l'occupation allemande italienne bulgare et la guerre civile, le rebetiko a su s'adapter,voire profiter pour son développement des circonstances dramatiques environnantes:par exemple des censures dont il a fait l'objet.

Le rebetiko profite aussi tout de suite d'un invention nouvelle :l'enregistrement phonografique d'abord en Turquie puis aux USA où quelques émigrés enregistrent. C'est d'ailleurs le disque qui est à l'origine du nom rebetiko:la première chanson estampillée ainsi fut enregistrée à Constantinople en 1924 par la compagnie "Favorite"cette aimable bluette avec son titre, o combien évocateur de "Tiki tiki tak" n'a en fait rien avoir en fait avec du rebetiko,mais ce disque étant prévu pour l'auditoire américain a pu lancer le label "rebetiko"outre atlantique avant de revenir ensuite en Grèce.
En Grèce la production de disques de rebetiko commence vers 1935 grâce à des réfugiés d'Asie Mineure (Peristeris Toundas,Matsas ) devenus directeurs artistiques des grandes compagnies Odeon Parlophone et "la Columbia". Ils vont faire enregistrer leurs nouveaux amis d'infortune. Ainsi Vamvakaris grave "Επρεπε να ερχόσουνα μάγκα μές στόν τέκε μας "(Il faut mangas que tu viennes dans notre téké)" et ces chansons deviennent rapidement des "tubes" dans les couches populaires. Elles sont aussi diffusées sur les ondes.


Ainsi propagé dans le pays le Rebetiko est "mal vu," il fait l'apologie du haschich, sur de la musique qui paraît orientale au moment où le pouvoir en Grèce avec la dictature de Métaxas prône ce qui est "clean" et occidental.

Puis c'est un chant d'irréductibles qui parle de la misère du peuple : ni nihilistes ni anarchistes ni révolutionnaires :aucun mouvement politique ne peut le récupérer. Le rébète qui est avant tout rebelle ,ni dominant ni dominé est un électron libre qui constitue un danger pour tous les pouvoirs établis .Dès lors il est durement pourchassé , les textes de ses chansons connaissent la censure. Des listes de rebetiko interdits paraissent dans des décrets officiels et fait rarissime dans l'histoire des instruments ,le bouzouki et le baglama son petit frère sont systématiquement détruits lorsque la police attrape les Rébètes en possession de tels instruments. Parce qu'ils sont directement assimilés au rebetiko et au hashisch( ironie du sort le bouzouki va devenir trente ans plus tard l'instrument emblématique de la Grèce!) Vamvakaris dans ses mémoires nous parle ainsi de son instrument."Vous n'avez pas idée de la réprobation que le bouzouki provoquait ici " "Il était l'instrument des voleurs,des meurtriers,des condamnés à mort et aujourd'hui n'importe qui lui pince les cordes sans y penser. Moi dès que je tiens le bouzouki,c'est une chose sacrée parce qu'il est sorti de telles situations. La police le chassait et pour cela me poursuivait aussi moi.Le bouzouki ne voulait pas prendre d'importance,il en a pris quand même".Dans un Zebeïkiko de 1946 Markos raconte comment » les riches qui avaient causé de graves ennuis au bouzouki maintenant lui ont déroulé le tapis rouge l'ont placé deux gammes plus haut que le violon. il est monté par l'ascenseur dans les salons bourgeois et les dames "enfants-gâtées"(en français dans le texte) se sont pâmées de plaisir en l'écoutant » . Il termine la chanson en disant "Maintenant mon bouzouki tu vas monter encore plus haut , tu iras jusqu'à Mars et le dieu Apollon t'appréciera aussi."Belle promotion en effet .Dans les années 70,le Rebetiko deviendra une référence pour tout le peuple grec(y compris la bourgeoisie athénienne)parce que malmené par les années d'occupation, de guerre civile et de dictature,il trouve dans cette expression de la misère et du malheur un écho à sa propre souffrance,mais aussi le souffle de liberté qui lui fait défaut et que ces Rébètes,hostiles à tout embrigadement surtout politique font passer dans leurs chansons. Ainsi le Rebetiko sera une source de soutien pour résister aux colonels,les prisonniers dans les îles le chanteront avec des paroles plus ou moins cryptées comme cela c'était déjà produit pendant l'occupation allemande .Théodorakis le découvrira lors de son emprisonnement dans l'île sinistre de Makronissos et s'en inspirera pour créer le fameux sirtaki.


Plus qu'une simple chanson , le Rebetiko représente un mode de vie celui des Rébètes, mot dont on ne connaît pas la véritable signification, l'origine du mot reste incertaine,elle est antérieure au rébétiko. On le trouve en effet dans un distique d'une chanson démotique de Nisyros dans le dodécannèse : "Αντε να ρεμπελέψουμε,ρεμπετες να γενούμε," να μας 'γαπούν μελαχρινές,να τις περιφρονούμε" "Allons rêver,rébètes devenons ,que les brunes nous aiment ,que nous les méprisions". Le mot signifie(entre beaucoup d'autres significations "rêveur" rêveurs d'un monde meilleur),des gens pauvres mais très dignes héritiers des bandits d'honneur de la guerre d'indépendance qui chantaient eux la chanson klephtique. Le qualificatif rébète n'est d'ailleurs que rarement employé dans les chansons,"Ολοι ρεμπέτες του ντούνια"(Tous les rébètes du monde)(Vamvakaris1938) "Ο Αντόνης ο βαρκάρης"( Antoine le batelier)(Peristeris 1937) "Οι ρεμπέτες" (Les rébètes) (Hazichristos 1938) "Παντά με το γλυκό χασίσι"(Toujours avec mon doux haschiche)( Bayaderas 1935) . ils préfèrent de toute façon se nommer Daïs, Pallikare,Alanis, Mortis, Derviche et, encore davantage Mangas. Les Rebetika sont d'ailleurs appelées quelquefois Mangika ce qui finalement est plus proche de la réalité. Pour les gens bien pensant le mangas est un homme aux moeurs très(trop)libre et aux activités louches,pour les rébètes c'est un homme qui sait vivre, aime les belles choses, faire la fête ,un homme tranquille qui ne recherche ni argent ni profit ,qui peut être violent seulement si on l'agresse,un homme d'honneur.
Les Rébétes vivent entr'eux ,ont leur argot, leurs rites, leurs codes, leur façon de s'habiller. Ils constituent une véritable culture en marge de la société grecque et revendiquent leur marginalité. Ce ne sont pas des idéalistes,ils connaissent la vie.
Si la plupart sont mariés et bon pères de famille ,ils passent le plus clair de leur temps avec leurs copines des femmes très libres pour l'époque mais , pas des prostituées : ce sont les Rebetissa, elles interprètent leurs chansons dans les "tékés"(tavernes)et comme eux, fument le haschich et pratiquent l'amour libre,quelque fois même la « castagne ». Ensemble ils ont le culte de la beauté, de la fête et de la camaraderie, aucune jalousie entre rébètes, ni concurrence, (ce qui pose problème pour savoir quelque fois qui est le véritable auteur d'une chanson) et par dessus tout ils vénèrent leur instrument le bouzouki (en version miniature le baglama)qui les console de tous leurs malheurs et à qui ils confient leur amère nostalgie(kaïmos).

Le rebetiko ne décrit pas de fait heroïque contrairement à la chanson klefhtique? il ne parle que de l'humaine condition sans fard. Peu de chansons politiques aucune chanson grivoise( si, une, où le rébète parle de son pénis qui vieillit avec le temps)


Les thèmes principaux sont:

L'amour magnifié ou déçu:(séparation,trahison)avec des personnages de rebetissa très en avance sur l'époque. représentées souvent comme belles mais autonomes ,libres et indépendantes donc cruelle.

Le hasch ,l'alcool la taverne et ses rites:les chansons sur la drogue )appelées « Hassiklidika »sont les plus nombreuses jusqu'en 1936. Si elles font l'apologie du hasch, elles mettent par contre en garde contre les méfaits de la drogue dure .Evangélis Papazoglou se montre très explicite à ce sujet: j'ai passé un bon moment avec le" petit noir" que j'ai pris,tandis que la" préza"est un poison pour les entrailles qui l'on absorbée" (Ο Λαθρέμπορας 1935 ).
De même en 1935 un très intéressant rebetiko de Yovan Tsaous "Πεντε Μάγκες του Περαία " raconte comment cinq "durs" du Pirée ont maille à partir avec un tenancier de taverne qui malgré le prix payé ne leur a pas mis de hasch dans leur narguilé mais seulement du tabac. Ils l'apostrophent en lui disant "Tu nous a pris pour des enfants sous entendu "qui ne connaissent pas le hasch et ne font pas la différence", puis plus cocasse apparemment "Tu nous a pris pour des drogués" ici le mot"drogué" est employé comme une véritable insulte. En effet le rébète méprise les drogués qui mettent leur santé et leur vie en péril sans partager aucunement l'hédonisme du vrai mangas dont l'idéal est de bien vivre.Bien sûr à l'époque ils ignoraient les dangers pour leur santé de leur addiction au haschiche même fumé à la pipe à eau. Ainsi Vamvakaris dans ses mémoires vante les mérites du narguilé qui filtre le tabac contrairement au "joint" .Les rébètes ajoute-t'il ne fumaient pas la cigarette ou le"joint" mauvais pour la gorge. Anestos Delias fut un des rares rébètes devenu" accro" à l'héroïne, ceci par la faute de sa petite amie, une prostituée dont il s'était amouraché, qui l'avait amené là, à son insu, en le faisant priser lorsqu'il dormait .Quand il était en manque il vendait ses vêtements et tout se qu'il possédait, même son bouzouki pour acheter de la drogue .Il était en loques. Les tentatives désespérées de ses amis pour l'aider comme Genitsaris qui l'avait même enfermé pour le désintoxiquer et l'éloigner de sa funeste compagne, furent vaines .Dans un rebetiko prémonitoire, décrivant sur lui les effets néfastes des piqûres d' héroïne, il s'était prédit à lui même une fin tragique dans la rue ,par overdose.


La mère :l'abnégation de leur mère seule à la maison, jamais le père ,il est absent (le rébète se veut en rupture ,) La figure de la mère en mater dolorosa martyrisée par son rébète de fils ,qui implore sa clémence son soutien ou qui l'interroge sur le sens de sa vie misérable"Maman pourquoi tu m'a fait naître"(Rovertakis) Maman ne me juge pas, ne pleure pas, ne me maudit pas( Delias μάνα μη με καταρίεσαι 1936)"Maman ne me renie pas pour les crimes que j'ai commis" :Genitsaris 1953 même titre. L'avis d'une mère est important pour le rébète ainsi Skarveli interroge sa petite amie "Que t'as dit ta mère à mon sujet".

Pendant la guerre civile en 1948 la chanson de Tsitsanis "Κάποια μάνα αναστενάζει"(Une mère soupire) qui brosse le portrait d'une mère anxieuse dans l'attente de nouvelles de son fils obligé de partir ,sera interdite accusée de détruire le moral des troupes.


Les lieux et les villes
: surtout Thessalonique et les quartiers pauvres d'Athènes et du Pirée.
La "xenitia"ou douleur de l'expatriation obligée, souvent aussi liée à la mère qui attend le retour du rébète, la femme elle, se consolant souvent dans les bras d'un autre.

La pauvreté, la chienne de vie mais la pauvreté digne (titre d'une chanson)

La maladie surtout la phtisie.
La mort personnifiée souvent par Hadès ou Charon à laquelle ils opposent bravade ou résignation. ( Le rébète ne croit en aucune religion et pourtant le rébète est un mystique. Ce n'est pas un hasard s'il emprunte son vocabulaire aux Derviches Tourneurs,secte religieuse turque qui officie dans les " tékés"mot employé aussi par les rébètes pour désigner l'endroit où ils fument le narguilé chantent et dansent. l'emploi d'un tel vocabulaire laisse à penser que les rébètes se considéraient comme une confrérie quasi religieuse qui inspire le respect avec ses lois et coutumes. Markos Vamvakaris lui même nous le dit dans ses mémoires p.123 :" Pour nous c'était une grande chose de se faire appeler derviche, nous comprenions gentil garçon, intelligent, tranquille. Tout ce qu'il fait est sage, bon. Petit derviche: ce mot est turc et de plus il veut dire qu'on est un pope, ou plus encore, un moine. Tu vois ce que ça peut produire dans notre esprit !" Le rapprochement avec les Derviches peut se faire sur la base du Zebeïkiko ,danse où l'on tourne ,comme les derviches sous l'effet de la drogue. De plus même s'il n'est jamais accolé au mot derviche le verbe "tourner" (γυρίζω)est un des verbes préféré des rébètes! souvent avec le sens de vagabonder ,errer, aller de place en place.

L'amitié et des portraits de personnages célèbres ou de rébètes

Les chanson sont souvent de petits tableaux racontant une histoire vécue par le rébète lui même . Chaque rebetiko est un cri ou une confession publique personnelle de celui qui le compose et qui le chante.le rébète dit "je" dans des chansons autobiographiques,véritables confessions devant ses copains à la manière d'une psychanalyse de groupe devant le cercle resserré de ses amis qui comprend son argot et qui danse sur le rythme de ses chansons le hassapiko danse de camarades (danse à l'origine de la confère des bouchers de Constantinople) et surtout le zeïbekiko (danse chtonienne réminiscence dionysiaque dont le nom réfère aux guerriers zebeïk )où le danseur s'expose dans une danse solitaire qui exprime tout son « kaïmos » mot intraduisible (chagrin, nostalgie, douleur intime, aspiration mystique, vague à l'âme.)

La musique , le bouzouki et le baglama
Aucune généralite dans les textes, le rébète se positionne toujours face au monde cruel comme pour un combat avec l'ange,le démon(la femme) la mort (Hadès) même s'il change souvent d'avis au rythme des joies et des peines, même s'il fuit ce monde cruel par la drogue, sa seule vraie consolation(parigoria) il la trouve dans l'amitié mais surtout dans la musique avec son compagnon de combat le bouzouki. Kaplanis écrit en 1950 "Pleure mon bouzouki comme pleure mon cœur tu es ma seule consolation écoute mes peines "une sorte de demande de thérapie là aussi!
Le plus souvent Le vers utilisé est le vers de 15 pieds, le fameux vers politique(au sens de citoyen, public comme on dit fille publique nous dit Mario Vitti) composé de 2 hémistiches inégales(vers de la chanson folklorique rythmé par l'accentuation du mot et non par la durée des syllabes ) si la deuxieme stophe est répétée c'est avec une terminaison musicale différente. (Φρανκοσυρίανη )les vers peuvent aussi être croisés (τα ματόκλαδα σου λαμπουν )les paroles mélangent plusieurs niveaux de langues(argot,démotique,populaire, savante) de manière authentiquement poétique .N'en déplaise à Monsieur Théodorakis , nous sommes en face de véritables poétes qui nous plongent dans leur monde intime et pudique et nous fait partager leurs amours et leurs souffrances,leur vie et leurs tourments existentiels , la maniére de les fuir par le hasch mais aussi par la fête, la musique et l'amitié sincère.

Les rythmes sont du 2/4 pour les hassapika de 9/8 pour les zebeïkika mélangeant binaire et ternaire .Nous avons aussi quelques tsifteteli considérés par les rébètes comme lascifs et féminins et quelques rares danses grecques populaires.
La transmission du rebetiko est totalement orale. Peu de compositeurs savaient lire et écrire la musique. Pourtant nous avons à faire à une mélodie élaborée,constituée à partir de modes particuliers les dromi,et introduite par des taxim: improvisations libres non mesurées qui vont peu à peu introduire le chant .Ces longues improvisations seront hélas le plus souvent coupées lors des enregistrements(trois minutes obligent)

Avec le temps et des compositeurs comme Tsitsanis la musique deviendra plus occidentale :accords, harmonisations , modes majeurs et mineurs des gammes tempérées y font leur apparition.

Si les plus authentiques rebetika sont ceux des années 30 et plus particulièrement de l'année 1936
c'est dans les années 42-50 que le Rebetiko connaît son âge d'or avec des compositeurs comme Vamvakaris Tsitsanis, Papaioannou, Toundas, Hadjichristos, Batis Delias, Bayanderas, Chiotis et beaucoup d'autres accompagnés de chanteuses comme Roza Eskenazi,Rita Abatzi , Stelle Haskill, Marika Ninou etc... pour un corpus de 10000 chansons composées sur des modes musicaux particuliers se référant à la musique byzantine et à la musique grecque antique mais aussi enrichis d'apports tziganes, juifs ou arméniens un mélange unique d'orient et d'occident qui constitue l'essence même de la Grèce.
« Le chant rebetique est authentiquement grec,uniquement grec ! »C'est Hadjidakis (le compositeur des enfants du Pirée )qui s'exprime ainsi dans une conférence en 1949 restée célèbre qui pour la première fois donna ses titres de noblesse au rebetiko en le comparant à la « tragédie grecque antique par la simplicité et la clarté de sa forme qui reussit à lier dans une unité merveilleuse la poésie la musique et la danse! » Mais au moment où il fait sortir le rebetiko de l'ombre il précipite aussi sa fin car désormais embourgeoisé et touristique le rebetiko s'achemine vers une caricature de lui même. Dans les années 70,le Rebetiko ne résiste pas aux excès de ceux qui en ont fait un produit touristique et commercial en lui faisant subir des orchestrations outrancières,avec des bouzoukis surchargés d'ornements, électrifiés,auxquels après Chiotis, on a ajouté une quatrième corde pour jouer plus fort et plus vite dans des tavernes soit disant rébétiques,où on casse des assiettes en dansant sur des tables .Cependant, dès les années 80 de jeunes "compagnies avec des chanteurs comme Babis Goles,Nicolas Syros,Agathonas…nous restituent un Rebetiko des plus pur,pieusement conservé,que nous pouvons entendre aujourd'hui à coté des enregistrements des Rébètes repiqués des 78 tours des années 30-50.